Brèves N°97 - 2003 : Henri KRASUCKI : Un sacré parcours

Publié le mercredi 22 février 2023 à 19h56

Originaire de Pologne, Henri Krasucki, secrétaire général de la CGT, est décédé le 24 janvier 2003 à l’âge de 79 ans.

Dès son enfance, il fréquente les Jeunesses Communistes, section de Belleville, où il fait la connaissance de Pierre Georges, le futur Colonel Fabien, qui devient son instructeur.
Abandonnant ses études au grand dam de ses parents, il préfère se faire embaucher chez Renault une fois son CAP d’ajusteur en poche.
Ses qualités de syndicaliste le font vite remarquer. Il a quinze ans lorsque les Allemands entrent à Paris.
Dès 1940, il rejoint la Résistance au sein de la M.O.I. (Main d’Œuvre Immigrée), dont une des branches entrera dans l’Histoire sous le nom glorieux de « Groupe Manouchian ». Après l’arrestation de son père, qui mourra en déportation, il est à son tour arrêté par l’armée d’occupation allemande en 1943. Interné à Fresnes, il est déporté à Auschwitz puis à Buchenwald.
Il participe à la libération du camp des prisonniers. Il reviendra de l’enfer des camps le 28 avril 1945, « juste à temps pour manifester le 1er mai », comme il aimait à le souligner avec la malice d’un homme qui se disait en sursis.
Après-guerre, il travaillera sans relâche pour contribuer à la recherche des évolutions de la CGT rendues nécessaires par les transformations du monde : membre de la commission administrative de la CGT, du bureau confédéral, directeur de la Vie Ouvrière pendant plus de vingt ans, avec des séries d’articles qui ont marqué les mémoires des militants de la CGT.
Il sera élu secrétaire général de la CGT en juin 1982.
« Henri fut parfois raillé. Il en souriait plutôt. Lui, l’ouvrier, pouvait surprendre par sa capacité à tenir tête, sa virtuosité à manier la dialectique et à pousser la contradiction. Lui, avec sa casquette, pouvait déstabiliser un haut de forme », dira Bernard Thibault.
Sa vie témoigne du siècle dernier, de ses horreurs et de ses victoires, de ses conquêtes et de ses effondrements, de ses désillusions comme de ses espoirs.