Brèves N°92 – 1831 : Vivre en travaillant ou mourir en combattant

Publié le mardi 7 décembre 2021 à 18h15

A Lyon, en 1831 et 1834, les ouvriers de la soie, les canuts, se sont révoltés, initiant ainsi un mouvement social inédit par son ampleur. « Vivre en travaillant ou mourir en combattant » était leur mot d’ordre. Ils réclamaient, avant tout, un salaire garanti et des conditions de vie décentes.
C’est dans la montée de la Croix- Rousse, où ils sont installés, que les ouvriers de la soie feront parler d’eux dans toute l’Europe voilà presque deux siècles.
Le revenu des uns et des autres, 18 sous environ pour 15 heures de travail par jour, ne permet qu’une vie de misère. Du fait de métiers à tisser beaucoup plus productifs qu’auparavant (métier Jacquard) et en dépit d’une demande soutenue, ce revenu est deux fois moindre que sous le Premier Empire !

Certains négociants refusent d’appliquer le tarif minimum et, le 19 novembre 1831, les canuts se mettent en grève. Ils vont vite faire face à la garde nationale. Des coups de feu claquent. La révolte gronde. Deux jours plus tard, les canuts descendent de leur colline, drapeau noir en tête, et occupent le centre de Lyon. On comptera plusieurs centaines de morts. Maîtres de la deuxième ville de France mais ne sachant que faire de leur victoire, les canuts et la garde nationale, qui s’est finalement ralliée à eux, constituent un comité insurrectionnel pour se donner le temps de réfléchir.
Le Président du Conseil, Casimir Perier, envoie 20 000 hommes aux portes de Lyon où ils attendent patiemment que les insurgés se lassent. Le 5 décembre 1831, les troupes entrent dans la ville sans effusion de sang. La garde nationale est désarmée et dissoute. Le pouvoir parisien rassoit son autorité et passe aux oubliettes les revendications des canuts.
Solidarité entre ouvriers, organisation de la lutte, mais surtout préservation de l’outil de travail caractérisent ces soulèvements de la classe ouvrière lyonnaise.

Lire La révolte des canuts de Maurice Moissonnier.