Brèves N°96 - 1982 : Halte aux nervis et à la violence

Publié le lundi 28 novembre 2022 à 19h41

Le 15 février 1982, vers 15h30, un groupe d’hommes tente d’investir l’usine de la Compagnie Européenne d’Accumulateurs à Clichy.
Cette tentative n’est pas la première. Mais cette fois, des bouteilles, des pierres et des boules métalliques sont projetées par le Commando. Un gréviste, Ahmed Medjir, est touché.
Il trébuche, traverse une verrière et tombe sept mètres plus bas. Grièvement blessé à la tête, il est transporté à l’hôpital Beaujon où il décède peu après son admission. OS depuis 1975, ce militant de la CGT, âgé de 34 ans, était marié et père de cinq enfants.

La police, présente sur les lieux en ce début d’après-midi, est restée impassible. Les médias évoquent un accident stupide, des heurts regrettables, tandis que France-Soir pratique l’amalgame avec son titre « affrontements entre grévistes et non-grévistes ».
En riposte, le 18 février, une manifestation est organisée à Paris. 40000 salariés défilent derrière la banderole de l’Union régionale CGT Île de France « Halte aux agressions patronales « .
En dépit de la plainte contre X déposée par la CGT, les responsables de la mort d’Ahmed ne furent jamais inquiétés, tout comme la direction de l’entreprise CEAC.
Ahmed, citoyen algérien, restera une victime supplémentaire du climat délétère qui sévit alors en France, en particulier à l’égard des travailleurs nord-africains. Les ratonnades, les expéditions punitives, les brutalités exercées à leur encontre depuis le déclenchement de la guerre d’Algérie n’ont jamais cessé.
Combien d’hommes et de femmes, jeunes et moins jeunes ont ainsi perdu la vie à l’instar d’Ahmed ? Ne les oublions pas !