Mesdames et messieurs les membres de la famille d’Hélène Laffait,
Cher amis,
Chers camarades,
Je voudrais remercier toutes celles et tous ceux qui sont venus pour rendre un dernier hommage à notre amie et camarade Héléne Laffait. Remercier ses voisines et amis qui l’ont aidé, soutenus pendant les quatre années qu’elle lutter contre la terrible maladie. Elle s’est battue comme elle militait avec discrétion et ténacité.
De nombreux amis et camarades se sont excusés de ne pouvoir être présents aujourd’hui comme Serge Lottier dont elle était très proche et qui l’avait convaincu d’écrire le livre sur « l’histoire de l’Inter Archives » qu’elle mena à bien alors qu’elle était malade.
Au nom de la Fédération CGT des Activités Postales et de Télécommunications souhaite dire quelques mots Hélène dont le parcours syndical a été particulièrement riche.
Après avoir démarré sa carrière en province, elle vient à Paris nommée dans le service téléphonique de Bonne Nouvelle. C’est là qu’elle découvre les conditions de vie et de travail difficiles, et les injustices faites aux femmes. Le syndicalisme comme nulle part ailleurs portait les stigmates de ce salariat singulier. C’est donc logiquement qu’elle est élue au secrétariat du syndicat des Télécoms de Paris avec jean Blanchon, Jean-Marie Fabre et Claude Gaudillière dont les circonstances font que ses obsèques ont lieu aujourd’hui à Concarneau. Nous avons une pensée pour Claude.
Au Syndicat des Télécom elle va animer les actions des téléphonistes des centres de renseignements. Elle soutiendra l’organisation d’une étude clandestine sur les visionneuses et consoles de visus faite pour une équipe de chercheur des Arts et métiers. Cela contribuera à l’amélioration des conditions de travail des téléphonistes.
Elle avait une profonde aversion contre toutes les formes d’exploitation ou de discrimination, notamment à l’encontre des femmes, son attachement aux valeurs de justice et de dignité, sa proximité avec ses collègues et sa disponibilité pour être constamment à leur écoute, en un mot sa profonde humanité. Il en est une qui dominait toutes les autres, sa très grande modestie dont tous les camarades qui l’ont côtoyée, dirigeants ou simples militants, ont gardé le souvenir comme le souligne les témoignages suivants.
Albert Le Guern, secrétaire général de la fédération de 1982 à 1988, lui rend hommage en ces termes : "Le souvenir que l’on garde de la personnalité d’Hélène Laffait, c’est une présence marquée d’une naturelle discrétion. Elle militait avec dévouement et efficacité, sans se départir d’une gentillesse qui faisait l’unanimité des camarades ayant eu le privilège de la connaître".
Maryse Dumas, qui a succédé à Albert Le Guern, confirme cette appréciation : "C’est avec une grande tristesse que j’apprends le décès d’Hélène. C’était une camarade dont la discrétion, la gentillesse, cachaient une grande fermeté de convictions. Elle est jusqu’au bout restée fidèle à ses engagements de jeunesse, continuant à apporter son dévouement militant si utile aux plus jeunes générations. Elle savait mettre tout le monde à l’aise et contribuait ainsi à entretenir un esprit d’équipe indispensable à l’activité militante".
Quant à Alain Gautheron, qui fut le dernier secrétaire général à la côtoyer avant qu’elle parte à la retraite, mais qui fut aussi l’un des premiers à avoir milité à ses côtés, voilà ce qu’il a retenu : "Téléphoniste, elle savait ce qu'était le travail déshumanisé, parcellisé à l'extrême, les cadences infernales, les contrôles hiérarchiques tatillons et permanents.
Elle n'avait aucun mal à comprendre ce que ressentaient ses collègues au contact desquelles elle était toujours par ses passages quotidiens dans les services.
Elle ne comptait pas son temps, parfois au détriment de sa santé, pour mener à bien son engagement syndical.
Elle a pris toute sa place dans l'organisation des luttes afin que l'automatisation profite aussi au personnel. Elle excellait dans la défense des cas particuliers, notamment durant la période des notations où il fallait combattre les appréciations humiliantes et lourdes de conséquences sur la carrière dont les téléphonistes étaient souvent victimes de la part de la hiérarchie.
Consciente que la lutte quotidienne, pour nécessaire qu’elle soit, ne suffit pas à changer la société, Hélène avait prolongé son combat syndical en s’engageant au Parti Communiste Français.
A la retraite, elle s’est investie sur tous les terrains où elle se sentait utile :
- Avec l’association LSR dont elle joignait son gout pour la culture, les voyages mais aussi les bons petits plats et bons vins comme du temps ou son mari jacques était là.,
- Libération Nationale PTT pour perpétuer la mémoire des résistants et continuer à faire connaître et fructifier leur héritage,
- L’Institut d’Histoire Sociale de notre fédération, dont elle fut membre du bureau de 2011 à 2016, institut dont elle a enrichi les travaux en publiant récemment un histoire du Central Archives qu’elle avait eu l’occasion de suivre lorsqu’elle était au secrétariat du syndicat des télécommunications de Paris.
Eliane Bressol de m’IHS décrit bien Hélène : elle était l’élégance personnalisée. Sa voix douce la distinguait mais ne la desservait pas, elle ne lâchait rien de l’essentiel. Discrète et déterminée. Avançant à petits pas mais avançant sur le chemin de son choix, pour l’égalité et la justice. C’était une militante.
Nous ne t’oublierons pas.