Un petit aperçu du dossier que vous pourrez lire dans le numéro 88 du Relais.
Extrait du dossier pages 6 à 11
ANNEES 20 ET SCISSIONS DANS LA CGT
En décembre 1920, la gauche française vit un événement fondamental de son histoire, à travers la scission de la SFIO[1] lors de son 18ème congrès. Elle sera suivie dans le temps de la scission au sein de la CGT en 1921 et de la création de la CGTU. Ces deux événements quasi simultanés et aux enjeux voisins ouvrent, au niveau syndical, une longue période de divisions. 100 ans après, il nous a paru nécessaire de revenir sur les raisons qui ont conduit à une telle situation et sur ses conséquences sur le mouvement ouvrier.
Contexte
Au niveau politique, la droite est au pouvoir avec Raymond Poincarré, la gauche est représentée par de multiples organisations socialistes rivales. Elles s’unifient en 1905. Sur le plan international, la Révolution Bolchevique de 1917, conduite par Lénine, balaye l’empire des Tsars et instaure le communisme. C’est pour les possédants, qu’ils soient français ou étrangers une déflagration insupportable, et pour la classe ouvrière une espérance immense. Cette guerre et la Révolution russe vont bouleverser la société française, les rapports politiques et syndicaux. La Première guerre mondiale bouleverse la classe politique française, notamment les partis issus du mouvement ouvrier. La SFIO, après l’assassinat de Jean Jaurès le 31 juillet 1914, a rejoint « l’Union sacrée », ainsi définie par Poincaré, Président de la République en août 1914, dans son discours à la Chambre le 4 août 1914, et a participé au gouvernement durant le conflit. L’unité de la SFIO va progressivement se décomposer, face à ce conflit qui n’en finit pas et qui entraîne d’incommensurables pertes humaines. Cela conduira à la scission au congrès de Tours en 1920 ; 2 tendances vont s’affronter entre les partisans de l’adhésion à l’Internationale Communiste et ceux qui la rejette. Au côté de la SFIO, la SFIC –Section Française de l’Internationale Communiste, futur parti communiste, est créée.
Au niveau syndical, la jeune CGT a 20 ans. Elle est traversée par divers courants à caractères politiques anarcho-syndicaliste. A son Xème congrès, en 1908, elle proclame que les travailleurs « répondront à la déclaration de guerre, par une déclaration de grève générale révolutionnaire ».Cette orientation est reprise aux congrès suivants. Mais la CGT rectifie le tir en juillet 1913[2], lors de la conférence des Bourses et des Fédérations. Ses dirigeants perdent confiance dans la capacité d’action de la classe ouvrière. Dans leur majorité, ils tournent le dos à « la lutte de classe »,au nom de la théorie de « l’intérêt général ». La menace d’un conflit pèse. Jean Jaurès multiplie les réunions au cours desquelles il engage à la grève générale ouvrière dans tous les pays concernés.
Le 27 juillet 1914 « la Bataille Syndicaliste », journal de la CGT, publie l’appel suivant :
« Peuple de Paris, debout !
Par ton attitude, énergique, empêche la guerre !
Tous, ce soir, sur les boulevards ! »
A suivre ..