Une HS des Lignes_7692

Héritiers des surveillants des lignes télégraphiques, les agents des lignes des PTT sont acteurs des évolutions successives de l’administration des PTT, puis des Télécommunications.

Ils comprennent très vite la nécessité de la lutte de classe. Pour ce faire, après s’être syndiqués clandestinement, ils créent, le 27 décembre 1899, le syndicat des ouvriers des PTT, aussitôt affilié à la confédération CGT.

Ils ont su maîtriser les évolutions technologiques en passant du fil de fer au fil de cuivre puis à la fibre optique. Pour répondre à la demande croissante de téléphone, relier les hommes, dans des conditions difficiles, ils créent une toile d’araignée gigantesque, aux mailles serrées, couvrant l’ensemble du territoire, jusqu’aux zones les plus reculées. Ils parcourent les campagnes et les plaines, escaladent les montagnes, traversent les mers et les océans.

Dans leur engagement syndical soutenu, ils mettent en interaction l’amour du travail bien fait pour un service public de qualité et les luttes pour obtenir les moyens pour y parvenir, la reconnaissance de leurs qualifications professionnelles.

L’organisation du travail des lignes en équipes nourrit la solidarité entre les agents, aussi bien pour réaliser leurs tâches que pour mener la lutte revendicative.

Citoyens dans la société, ils se sentent concernés par la marche du monde, les luttes émancipatrices des peuples, la paix.

Durant la seconde guerre mondiale, des militants, mais aussi des agents s’engagent dans la résistance clandestine, dans les maquis ou les réseaux. Discrètement, ils usent de leurs connaissances professionnelles pour communiquer à la résistance de précieuses informations. Ils participent, si nécessaire, à l’organisation de sabotages. Plusieurs l’ont payé de leur vie.

Á la libération, dans des conditions très difficiles, avec peu de moyens, ils reconstruisent le réseau téléphonique, très endommagé ou parfois totalement détruit comme en Basse-Normandie.

En 1954 et durant quasiment une décennie, bon nombre d’entre eux fêtent leur 20ème anniversaire avec, en poche, une convocation pour partir faire, en Algérie, une guerre qu’ils ne veulent pas.

Durant les années 1960, 1970, ils participent très activement à la résorption du retard accumulé par l’administration, par l’extension et l’automatisation du téléphone. En même temps, ils organisent la lutte pour leurs revendications particulières et générales. Leurs services sont particulièrement touchés par la sous-traitance, antichambre d’une privatisation des télécommunications en gestation.

Pour atteindre leurs objectifs, les ministres successifs mettent en place une stratégie visant à détruire l’état d’esprit collectif du service des lignes pour le remplacer par l’individualisme. Ils détournent des agents de leur mission première, celle de réaliser les travaux, pour en faire de surveillants des travaux réalisés par d’autres. Ils font ainsi reculer les notions de conscience professionnelle et de service public. Par l’introduction de cadres nouveaux, ils bouleversent les rapports hiérarchiques, notamment avec la maîtrise.

Le personnel, mais aussi les responsables syndicaux, sont confrontés à des transformations multiples. Ils doivent trouver ensemble les solutions pour construire des réponses adaptées à cette situation nouvelle.

Ils relèvent les défis liés à l’évolution des technologies, comme l’arrivée de la fibre optique. Ils revendiquent, pour chaque agent, un statut respectueux de leurs acquis professionnels et des formations valorisant leur potentiel technique.

Dans toute histoire de la fédération CGT, le syndicat des catégories des lignes a occupé une place particulière par son taux de syndicalisation, le niveau de son influence électorale, sa participation massive aux actions catégorielles et plus générales. De nombreux militants issus des lignes ont assuré des responsabilités diverses aux différents niveaux de la fédération et dans la CGT.

Malgré la pénibilité du travail, les longues journées, les mémoires retiennent d’abord la fierté d’avoir fait partie des "gars des lignes".

Un livre qui met en pratique la formule d’Antoine de Saint Exupéry :

"Un peuple qui oublie son histoire est condamné à la subir, perd son identité"

570 pages - 20€